Article modifié le 25/04/2023
Dans notre article de mars 2022, nous avions évoqué les problématiques rencontrées par la formation professionnelle et les risques qui en découlent sur le devenir des formations professionnelles certifiantes du spectacle. Qu’en est-il un an après ?
Depuis la réforme de la formation professionnelle de 2018, France Compétences a été désigné par l’État comme seule « Autorité nationale de financement et de régulation de la formation professionnelle et de l’apprentissage » ; régions et entreprises ont vu leur rôle dans le financement du système drastiquement réduit.
Première conséquence, les organismes de formation rencontrent des difficultés majeures lors des enregistrements ou réenregistrements de leurs certifications auprès de l’autorité de France compétences. Les critères d’étude de « l’employabilité » à l’issue des formations, indispensables au réexamen de chaque certification, ne cadrent pas du tout avec les parcours d’emplois atypiques du secteur du spectacle vivant. Et seule une certification reconnue et enregistrée par l’État permet de bénéficier de fonds de financements : sans financement, pas de formation. A ce jour, nos partenaires du CIAM ont perdu la reconnaissance du titre d’Agent technique en juillet 2022. D’autres certifications, comme des titres de Technicien du spectacle vivant, ne sont plus actives et/ou en cours de renouvellement.
Face à ces difficultés, des points très positifs : une coopération durable se met en œuvre et les organismes de formation se regroupent autour des certifications restantes, comme la certification de technicien du spectacle vivant et de l’évènementiel du GRIM EDIF, qui peut ainsi être préparée par d’autres structures partenaires, comme le CFPTS, le CIAM ou le CEM du Havre. L’APMAC, inscrite dans cette politique de collaboration depuis ses débuts, rejoindra le GRIM dès la rentrée.
Au delà de la disparition de titres, ce sont des métiers qui pourraient être directement en péril, comme directeur technique, dont la certification délivrée par le CFPTS arrive à échéance en octobre 2025.
Pour ajouter encore à ces difficultés, France Compétences, qui fait face à de graves problèmes d’équilibre budgétaire depuis sa création, oriente sa politique en conséquence, notamment avec une baisse sévère des financements des formations, surtout dans le domaine technique. L’ensemble des Niveaux de Prise en Charge – NPEC, c’est-à-dire le coût contrat des formations par apprentissage versé aux organismes de formation par les organismes financeurs, a ainsi été révisé l’été dernier pour une application directe en septembre 2022.
A titre d’exemple, le titre de Régisseur du CFPTS est ainsi passé de 18393€/an à 12273€/an (soit une baisse de 35%) et le titre de Technicien son de l’Ina a vu son coût contrat diminuer de 19000€/an à 10910€/an (-47%). Les actions menées par la Commission Paritaire Nationale Emploi Formation du Spectacle Vivant (CPNEF SV) n’y ont malheureusement rien changé.
Face à l’ensemble de ces contraintes, les organismes de formation, et notamment ceux dispensant de l’apprentissage, voient leur avenir ébranlé. Une des conséquences directes est la fermeture en décembre dernier du CFASVA et de l’Afasam, partie intégrante du paysage de la formation du spectacle depuis plus de 20 ans (Cf. article de nos collègues du CFPTS).
Si la CPNEF-SV a pu rencontrer la direction de France Compétences pour les alerter sur ces problématiques, cela reste sans succès à ce jour. Et France Compétences n’a pas souhaité se rendre aux nombreuses invitations pour les BIS, ce qui ne peut qu’inquiéter sur leur capacité (et leur souhait !) à créer un dialogue constructif.
Le Comité Régional des Professions du Spectacle (COREPS) de Nouvelle-Aquitaine a également pris la mesure de l’importance de ces problématiques et a invité l’APMAC et le CIAM pour une réunion de la Cellule de veille pour l’emploi et la formation en novembre dernier. Le COREPS a ainsi lancé une alerte et s’inquiète des conséquences sur l’emploi des techniciens, notamment intermittents, qui vont être fragilisés et précarisés (Cf. l’Affût du printemps 2023, L’A. agence culturelle Nouvelle Aquitaine).
Autre organisme à se mobiliser, la Fédération des Organismes de Formation de la Culture – FOFC, dont les membres variés reflètent la diversité du monde de la culture et se retrouvent dans la défense d’une formation au service du secteur et de ses professionnels, a organisé en janvier lors des BIS de Nantes un atelier au thème évocateur : « La formation au service de la culture : discutons-en ». Atelier auquel l’APMAC a pu participer en tant que membre de la FOFC. Constat alarmant partagé du côté de la Fédération Nationale des Écoles d’Influence Jazz et Musiques Actuelles (FNEIJMA), qui a également proposé un atelier sur « Le lien emploi-formation dans le spectacle vivant : la problématique de l’accès et de la mobilisation des droits à la formation ». Les BIS de Nantes ont été l’occasion pour le secteur culturel, et notamment la formation, d’exprimer ses nombreuses inquiétudes à travers de multiples ateliers et conférences.
Toutes ces mobilisations sont encourageantes mais les organismes de formation seuls ne pourront malheureusement pas être efficaces ; une coopération avec l’ensemble des acteurs de la formation est essentielle. L’AFDAS, le COREPS et différents syndicats s’emparent progressivement de ces problématiques mais d’autres relais se doivent d’être majeurs, comme les Régions, ou le Ministère de la Culture, qui reste complètement absent du paysage.
Pour aller dans ce sens, l’APMAC a adressé en décembre dernier un courrier à Monsieur Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle Aquitaine, sans réponse à ce jour.