A l’heure de la transition énergétique devenue urgente face au changement climatique, notre secteur d’activité du spectacle vivant doit faire face à une autre transition, conséquence de la première : la transition technologique. Celle-ci consiste en un remplacement d’une technologie vieille de plus de 100 ans, la lampe à incandescence, par une nouvelle, à peine mature, l’éclairage LED.
Ce changement est rythmé en Europe par deux mouvements concordants : le premier est réglementaire et prend corps sous la forme de la directive européenne de l’écoconception qui fixe et impose des critères qualitatifs à tout appareil consommant de l’énergie et précisément les éclairages. Notre secteur bénéficie encore d’une dérogation mais celle-ci est amenée à prendre fin à courte échéance, soit fin 2024. Le deuxième mouvement, résultant du premier, est industriel. Les fabricants de lampes, déjà impactés par les restrictions concernant le marché domestique en 2018, s’organisent et réorientent leurs stratégies industrielles. La conséquence très concrète est la disparition accélérée de la plupart des références de lampes que nous utilisons dans nos métiers. Ainsi, si nous voulons préserver notre capacité à produire les spectacles et évènements qui rassemblent (à nouveau) un large public, nous devons anticiper la disparition de la technologie de l’incandescence et nous préparer à accueillir sa remplaçante, la LED.
Mais le problème est plus complexe qu’il n’y paraît. Certes, mobiliser des millions d’euros, en bonne partie issus des finances publiques, n’est, par les temps qui courent, pas si aisé ! Les urgences s’accumulent, et les arbitrages deviennent souvent existentiels. Aussi, tous ces crédits consommés relèveraient de la gabegie si le critère humain de cette transition technologique n’était pas sérieusement pris en compte. Car à chaque fois, le changement d’outil impose un changement de méthode de travail. Il en va de même pour l’éclairage de spectacle. L’arrivée des projecteurs électroniques (LED) nécessite de revoir nos méthodologies de création, de production et d’accueil des spectacles. Ces projecteurs disposant de multiples paramètres appellent de nouveaux organes de commandes (consoles et autre jeux d’orgues) beaucoup plus puissants que leurs prédécesseurs, basés sur une architecture informatique de dernière génération. Autre bouleversement : les standards ont disparu ! Il était jusqu’à présent facile d’organiser sa tournée nationale à partir d’une liste de projecteurs que nous étions certains de trouver dans chacune des salles visitées. Les PC Juliat, les découpes de la même marque, quelques références de nos voisins belges d’ADB et pour les plus exotiques d’entre nous, une découpe de la marque Étasunienne, ETC, remplissaient la quasi-totalité du panier de l’éclairagiste Français. Ce temps est révolu ! Un nombre incalculable de références issues d’autant de marques profitent d’un marché en pleine expansion. Le résultat est que, sauf à demander à chaque compagnie de fournir ses propres matériels, les lieux d’accueil vont devoir (ré)apprendre à adapter chaque plan de feu en fonction des projecteurs disponibles. Ce travail, long, viendra impacter les plannings de montage et les temps de présence des équipes techniques en tournée. Heureusement, la technologie LED et sa polychromie devraient permettre d’alléger le nombre de projecteurs sur chaque production. Mais nous devinons que les organisations vont devoir évoluer. Nous commençons donc à percevoir que le simple remplacement des projecteurs ne suffira pas si la formation des équipes n’y est pas associée. Or nous savons qu’il est souvent plus facile de trouver des financements pour le matériel que de dégager du temps (si précieux) et des moyens pour former les personnels. C’est pourtant à cette seule condition que cette transition pourra être sereinement appréhendée.
Si les professionnels ont déjà entamé des cycles de formation spécifiques et peuvent trouver quelques ressources, qu’en est-il des amateurs et bénévoles ?
A l’APMAC, nous voulons prendre notre part. Pour cela, nous révisons notre offre de formation et d’accompagnement des bénévoles. Nous souhaitons proposer à qui veut, sur des créneaux courts de quelques heures, encadrés ou non, de venir découvrir et expérimenter ces nouveaux matériels dans nos labos LED, à Limoges et à Saintes. Nous pensons qu’une plus grande souplesse permettra de diffuser et de partager la connaissance en nous appuyant sur la pédagogie de l’objet.
Nos adhérents de Saintes et Limoges peuvent se rapprocher des chargés d’affaire pour aborder leurs problématiques spécifiques, trouver ensemble une solution d’accompagnement et venir découvrir le nouveau matériel dans nos espaces.