Nous avions évoqué dans la lettre info de juin la problématique du manque de ressources humaines dans le spectacle et l’événementiel (voir ICI) : à la sortie de la saison estivale, le constat reste identique. En parallèle de ces problématiques de recrutement et de métiers en tension (consultez l’article de l’Affût de l’A. culturelle Nouvelle Aquitaine – octobre 2022) se pose la question de l’identification et de l’analyse des besoins dans les techniques du spectacle.

La Région Nouvelle-Aquitaine, qui a mis en place des contrats régionaux de filières – CRF, cadres de concertation avec les secteurs professionnels couvrant l’intégralité du champ orientation-formation-emploi, a ainsi entrepris en juillet 2020 un travail de construction d’un CRF culture avec Cap Métiers Nouvelle Aquitaine (Agence régionale pour l’orientation, la formation et l’emploi), la DRAC, l’AFDAS, Pôle Emploi Spectacle Nouvelle-Aquitaine, l’Agence culturelle l’A, l’Observatoire régional de la culture et Agec & CO. Par le biais de ce contrat de filière, il s’agit de partager un diagnostic et d‘identifier les enjeux sur le champ orientation-formation-emploi de la culture, diagnostics ensuite travaillés durant la durée du contrat entre les acteurs de la branche et les partenaires institutionnels. Il existe à l’heure actuelle quatre contrats de filière : Musique et variétés (premier fonds créatif de France pour soutenir la création artistique dans toutes les esthétiques musicales), cinéma, livre et arts plastiques et visuels.

Concernant le contrat culture, les premiers travaux de présentation du diagnostic ne permettent pas de mettre en avant des spécificités territoriales ou disciplinaires : nos métiers techniques, non identifiés comme métiers en tension, sont pour l’instant invisibilisés. Pourtant, les techniques du spectacle représentent 22% de l’emploi culturel en Nouvelle Aquitaine et 26% au niveau national : une des explications est que l’identification des métiers en tension provient de remontées de données Pôle Emploi et que très peu de recrutements permanents, et aucun par intermittence, ne passent par ce canal.

La culture est une filière économique d’une rare complexité présentant des spécificités (intermittence, attractivité des métiers, milieu à haute formation intellectuelle…) et des difficultés (métiers en tension ou en mutation, formations par alternance, insertion professionnelle, organisation des emplois, beaucoup de Très Petites Entreprises, inégalité femme-homme…). Ainsi, la diversité des métiers dans les secteurs de la culture ne peuvent qu’induire une approche sous-sectorielle (spectacle-vivant, art contemporain, industries culturelles et créatives, patrimoine-architecture), plus appropriée à un vaste territoire régional avec de surcroît des disparités d’accès et de besoins différents.

Seule une méthodologie participative entre tous les acteurs impliqués, qui permettra d’établir un consensus sur les périmètres étudiés, assurera la mise en place d’un plan d’action régional coordonné et sera donc suivie d’effets profitables à long terme.

Les enjeux pour notre filière sont importants. Il s’agit de préserver des moyens d’actions locaux et d’accompagner la dynamique de création et d’accès des publics qui constitue le moteur de l’économie culturelle.

Pour l’APMAC et son activité d’offre de formation professionnelle, il s’agit de participer, voire d’initier le mouvement qui verra apparaître sur le territoire régional un réseau d’opérateurs complémentaires, solidaires et partenaires de la puissance publique capable de proposer des formations qualifiantes adaptées aux attentes des entreprises et garantissant une évolution professionnelle durable.

Sources :

• L’emploi dans le spectacle vivant en Nouvelle Aquitaine, L’A., novembre 2020
• Les employeurs et l’emploi dans le spectacle vivant, édition 2022, Audiens/AFDAS/CPNEF SV